Maybe your light is the seed and the darkness the dirt. In spite of the uneven odds beauty lifts from the earth. You’re much too young now so I write these words down : Darkness exists to make light truly count.

Reprenant son souffle tant bien que mal, Archie retira les écouteurs qu’il avait dans les oreilles tout en marchant lentement afin de calmer le rythme fou de son cœur. Comme tous les matins, le blond était venu au parc pour se dépenser. Une habitude qu’il suivait religieusement jours après jours, prenant un soin particulier à entretenir cette nouvelle habitude. Et tous les jours, encore à moitié endormi, il s’enfonçait dans le parc de Brooklyn afin de passer une heure complète à courir comme s’il était poursuivi. Comme s’il n’était rien d’autre qu’un fugitif n’ayant pas la possibilité de s’arrêter. Il courait comme si c’était la seule chose qu’il pouvait faire, la seule chose qu’il avait jamais faite. Puis, ses muscles hurlant à la mort, son estomac se retournant douloureusement, il diminuait progressivement le rythme avant d’avancer progressivement sur le Brooklyn Promenade afin d’observer la mer. Malgré l’heure matinale, cette partie du monde s’agitait déjà sous les yeux du Reed. Ce dernier témoin silencieux d’un spectacle qui se répétait inlassablement tous les matins. Et, inlassablement, tous les matins il revenait au même endroit, se posant contre une barrière afin d’observer la mer alors que les mêmes interrogations lui revenait en mémoire. Les mêmes dilemmes qui, comme toujours, troublait son esprit déjà bien incapable de trouver le repos. Ce matin là, comme tous les matins depuis sa sortie de prison, depuis son emménagement dans un appartement, depuis le début de sa nouvelle vie, le blond se posa une question. Avec la même ferveur, cette religiosité certainement naïve qu’il y mettait, il se demandait s’il devait aller voir Casey ou bien rester en dehors de sa vie. La jeune femme avait fait un choix pour eux deux le jour où elle avait quittée la prison en l’abandonnant là. Le jour où elle était sortie de sa vie comme un ouragan, ne laissant que chaos et destruction pour unique signe témoignant de son passage. Archibald n’espérait pas sincèrement changer ce qui s’était produit. Il ne pensait pas qu’après sept longues années il allait pouvoir apparaître à sa porte un sourire aux lèvres en espérant que des bras grands ouverts le rattrapent avant que son cœur ne se mette à tressaillir. Non, le blond n’y croyait pas et pourtant il avait besoin de sa meilleure amie. Besoin de la fille qui arrivait à le faire sourire sans parler, la fille dont la présence avait toujours réussi à l’apaiser. Il en avait désespérément besoin, besoin qu’elle l’aide à récupérer les fragments épars de sa vie pour entamer le puzzle de celle-ci. Sauf qu’elle n’était pas là. Qu’elle avait choisie de ne pas être là. Sans qu’il ne s’en rende compte, le monde autour de lui s’était mis à bouger. Les joggeurs finissaient leurs jogging, les promeneurs arrivaient pour profiter d’une journée un peu froide, mais encore bien agréable. Le monde était emprunt d’une nouvelle ardeur. Tout autour d’Archie bougeait alors que ce dernier semblait à la traine. Il ne savait pas quoi faire. Rentrer chez lui ? Bien sur, son salon de tatouage l’attendait, mais il avait encore le temps, l’après-midi n’était pas encore là. Dans le fond, il savait ce qu’il désirait le plus. Il savait que s’il s’écoutait il allait écumer la ville à la recherche de sa présence. Quadriller tous les bâtiments, fouiller tous les immeubles en espérant la trouver. Même si ça n’était pas son genre, même s’il n’était plus un jeune garçon naïf et chétif, le blondinet ne pu s’empêcher de sourire à l’idée que ça puisse se finir comme dans les films. Il lui suffirait d’une guitare, un peu de pluie et le destin ferait le reste. Sauf qu’il était dans la vraie vie et que le destin n’avait jamais réellement été de son côté. Fourrant ses mains dans les poches de son jogging, le Reed commença à se diriger vers chez lui. Ne faisant pas attention au monde extérieur alors qu’il se remettait en marche, il percuta une jeune femme dont le café se déversa sur son haut, lui arrachant au passage un grognement de douleur. Légèrement brulé, il avait instinctivement attrapé l’inconnue par le bras pour l’empêcher de tomber. Posant naturellement ses yeux sur le visage de la personne qu’il venait de bousculer, il sentit ses entrailles se nouer alors que les yeux dans lesquels il se noyait étaient bien trop familier. Après quelques instants, Archie arriva à lâcher prise, reculant d’un pas pour ne pas envahir l’espace personnel de Casey. Il n’aurait su traduire ce qu’il ressentait alors. Ce mélange d’appréhension, de peur et d’excitation qui enflammait son être. Il ne pouvait exprimer avec des mots la tristesse et la félicité qu’il ressentait à la voir. Son cœur était un nœud incompréhensible d’émotions qu’il n’arrivait à défaire. Une boule douloureuse qui le tirait vers le bas, descendait dans ses chaussettes avant d’obstruer sa gorge. L’espace d’un instant, le blond eu l’impression que quelqu’un avait expulsé tout l’air se trouvant dans ses poumons. Incapable de retrouver son souffle comme s’il venait de recevoir un coup dans le creux de l’estomac, il ne savait pas où poser ses yeux, que faire de ses bras. Devait il se remettre à courir pourchassé à jamais par le souvenir de la Gallagher ? Devait il lutter contre l’étrangeté de l’instant, les coups d’œil en biais qu’il lui jetait sans oser l’observer longuement ?  Plantant ses yeux sur le visage de sa vieille amie, il était bien incapable de lutter contre le souvenir nerveux étirant ses lèvres. « Hey… » Arriva t’il péniblement à dire, sa gorge se nouant aussitôt alors qu’il se rendait compte qu’elle avait changée. Que le temps les avait changé.

Maybe your light is the seed and the darkness the dirt. In spite of the uneven odds beauty lifts from the earth. You’re much too young now so I write these words down : Darkness exists to make light truly count.

Archie s’était préparé à cette situation. Pendant ses sept longues années passées entre quatre murs, le blond avait imaginé cette scène encore et encore. Chaque fois, la situation était différente, sa coupe de cheveux, ses mots, mais pas l’émotion qui débordait de ses yeux. Encore et encore le prisonnier s’était imaginé la retrouver au parloir, la voir pleurer de l’autre côté de la vitre les séparant alors qu’elle se noyait dans ses larmes. Il ne voulait pas lui faire de mal, refusait d’être la personne qui lui causait de la peine. Cependant le gamin qu’il était alors s’accrochait à ses rêveries. A une autre époque, le Reed avait eu besoin d’y croire, besoin de se persuader qu’un jour, sans prévenir, sa meilleure amie allait apparaître de l’autre côté de la glace, de l’autre côté des barreaux afin de lui donner un peu d’espoir. Il avait attendu, encore et encore, ne cessant jamais entièrement d’y croire. Espérant stupidement qu’elle finirait par trouver la force dont elle avait besoin pour récupérer les éclats de leur amitié afin de recoller les morceaux. Même après sept ans, lorsqu’il récupéra ses affaires, recouvrant le goût de la liberté, il y a cru. Il espérait la voir au volant d’une voiture, il espérait entendre sa voix se fendre alors qu’il aurait été incapable de retenir ses larmes. Elle n’était pas venue. Elle n’était pas venue et Archibald aurait voulu la haïr pour cela. Il aurait aimé de ressentir de la haine à l’idée de la Gallagher. Si au moins il la haïssait, peut-être est-ce que ça serait plus facile. Peut-être qu’il aurait moins mal à savoir qu’elle ne lui appartenait plus, que dans les faits elle ne lui avait jamais appartenue. Malheureusement, son cœur usée n’en faisait qu’à sa tête et c’est pourquoi le blond n’arrivait pas à passer à autre chose. Il la comprenait, elle lui manquait. Elle lui manquait plus que tout. Ca n’empêchait pourtant pas ce dernier d’être mal à l’aise sous le regard inquisiteur de son ancienne amie. Les prunelles de cette dernière semblaient laisser une marque indélébile sous sa peau, raviver un feu qui n’avait laissé que des réminiscences troubles dans son cerveau. Il connaissait cette sensation, cette appréhension face au regard de la jeune femme, il avait déjà ressenti ce qu’il ressentait alors. Ce nœud qui semblait couler dans son estomac, cette gêne qui s’étalait sur son visage sans qu’il ne puisse rien y faire. Sous les yeux de Casey, Archie sentait de la honte se distiller progressivement dans ses veines. La honte de ne pas avoir été l’homme qu’il aurait du être, la honte de ne pas avoir pu être l’ami qu’il aurait du être, même si ça n’était pas sa faute. Mais surtout, la honte de ne pas avoir trouvé le courage plus tôt de la joindre, de lui dire qu’il était là, en vie, libre et que même si ça devait le tuer de la revoir, ce qui le tuait plus c’était la possibilité qu’il ne puisse plus jamais la revoir. « Archie, hey. » Exhalant difficilement, le jeune homme eu l’impression de se liquéfier face à cette voix qu’il connaissait par cœur. Cette voix qu’il avait religieusement écouté pendant des années. Cette voix qui l’avait abandonnée dans le noir d’un entrepôt où on parquait les âmes damnées, celles des gens qui comme lui avaient commis des crimes inavouables. Un mince sourire, de toute évidence forcé, étira les lèvres du Reed alors qu’il tentait de retrouver son souffle qui semblait l’avoir quitté. Il aurait voulu être fort. Il aurait voulu avoir l’air fort et indifférent. Sauf qu’il n’était pas fort, cela faisait des années qu’il l’avait compris et l’indifférence n’avait jamais été son fort. « Je.... tu es sortit quand? » Un voile de tristesse sembla recouvrir les prunelles océans de l’ex prisonnier. Ce dernier gardait le silence, cherchant des mots qu’il ne pourrait trouver. Des mots qui ne sonnaient pas comme une petite trahison, qui ne sonnait pas comme l’abandon de leur histoire de sa part. Baissant les yeux, jouant avec le bas de son haut de jogging, Archie prenait son temps pour remettre ses idées en place. Il en avait besoin, parce que même s’il avait un don pour éclabousser des feuilles avec ses mots, il était bien éloquent lorsqu’il s’agissait de dire à voix haute ce qu’il avait sur le cœur. « Environ un mois. » Arriva t’il à articuler péniblement curieux de voir l’effet que cet aveux aurait sur son ancienne amie. Un mois, le temps qu’il lui avait fallu pour se trouver une colocation, pour avoir une situation et retrouver une place dans le monde qu’il avait quitté des années auparavant. Comme un animal honteux de l’erreur qu’il avait commise, le blond levant péniblement ses yeux pour les poser à nouveau sur la jeune femme en jaugeant son expression. Il aurait du être celui qui se mettait à crier. Il aurait du être celui qui se mettait à faire des reproches, celui dont les mots auraient dû être les plus blessants. Sauf qu’il n’en avait pas le cœur, pas la force. Archibald avait eu le temps de retourner le problème dans sa tête, évaluer la question sous tous les angles, rien n’y faisait il n’avait pas le cœur à lui en tenir rigueur. Rien ne prédisait que si les rôles avaient été inversés il aurait été plus courageux. « Je suis heureuse de te revoir. » « Tu peux pas dire ça… pas ça. » Souffla t’il fermement sans réfléchir. Sa main été levé comme pour intimer la jeune femme au silence alors que son regard semblait posé sur une chose par-dessus l’épaule de Casey. Il ne voulait pas observer son visage, lire la tristesse qui était surement en train de s’y installer. Il refusait de se faire du mal à observer la personne pour laquelle il aurait été prêt à tout faire souffrir de sa main. Prenant un instant pour ne pas se laisser submerger par la tristesse qui éprenait sa gorge aux mots de celle qui avait été la personne la plus importante de sa vie, Archie se sentait tellement différent d’elle à cet instant. Le poids des années, les petits riens qui faisaient qu’elle n’était pas entièrement la Gallagher qu’il avait connu, toutes ces choses lui sautaient à la gorge. Sa manière de s’habiller, les quelques centimètres qu’elle avait prise en grandissant, son regard qui avait pris de l’âge. Rien n’était pareil, tout chez la jeune femme semblait étranger car il n’avait pas été là pour la voir changer, grandir, s’affirmer. Il pouvait sentir la douleur se répandre dans son système, agissant sous son influence alors qu’il posait des prunelles glacées par cette dernière sur la jeune femme. « Tu as plus le droit de dire ce genre de chose. Les choses sont différentes aujourd’hui. » Arriva t’il à dire sans avoir à se reprendre bien que l’océan de ses yeux semblait prêt à déborder à tout le monde malgré la froideur de celui-ci.