" Lost in time I can`t count the words
(I) said when I thought they went unheard
all of those harsh thoughts so unkind "
tumblr - lyrics : skunk anansie

Le bégaiement. En voilà une chose dont elle se serait bien passée. Comme un poison qui la rendait faible, qui lui aspirait son énergie. Les mains légèrement tremblantes, elle était en train de lire un texte sous l’œil avisé de son orthophoniste. Ce handicap, ou bien une maladie, dans tous les cas le mal-être est le même, la jeune blonde luttait, se battait pour que sa langue puisse dire ses mots sans encombres, mais c’était peine perdue. Malgré cet acharnement, son cerveau refusait de lui obéir. Pourquoi ses pensées étaient-elles si claires, sans défaut dans sa tête et imparfaites lorsque sa bouche s’ouvrait et que langue se déliait. Petit oisillon, au regard ravageur, vulnérable se sentant si fragile que tout son corps l’abandonnait. Elle était prise de tremblement, normal lui dira ce spécialiste, même si son bégaiement n’est pas sévère mais marqué, tout comme il l’a marqué d’un feutre indélébile. Son texte terminé, ses grands yeux bleus croisèrent ceux de la femme qui lui souriait. Elle n’était pas dupe, elle savait que sourire n’était là que pour la rassurer, tandis qu’elle pouvait sentir le regard de sa mère qui la couvait. Elle écoutait attentivement, buvait les paroles afin de comprendre ce fléau qui l’avait choisi comme hôte. « Ne t’inquiètes pas Maura chérie, nous allons nous occuper de toi. » Le bras de sa mère vint l’envelopper tandis que son nez vint se réfugier dans son cou où émanait un parfum que la jeune fille aimait beaucoup. « Si Maura participe à ses stages que j’organise avec d’autres patient, elle fera d’énormes progrès, déjà cette première lecture m’en a dit beaucoup sur sa motivation. » Un dernier au revoir, et la voilà de retour au cocon familial. Sa mère est là, dans la cuisine, à lui concocter un gâteau irlandais qui pourrait lui faire oublier ce tracas.

" As we saw oh this light I swear you'll,
Emerge blinking into to tell me it's alright
As we soar walls, every siren is a symphony."
tumblr - lyrics : coldplay

« Maura, Monsieur Burtham aimerait te voir. » Fronçant délicatement les sourcils, la jeune interpellée remit une mèche de ses cheveux blonds en place avant de se demander pourquoi le grand patron voulait la voir, elle. Avait-elle fait quelque chose d’inapproprié ou bien est-ce à propos de son travail ? Maura savait que les places se faisaient chères au sein de la Burtham Pharmaceuticals, mais elle était parvenue à y entrer. Sa tutrice était impressionnée par sa capacité à être studieuse et appliquée dans sa méthode travail. Avalant difficilement sa salive, c’est le cœur empli d’une certaine angoisse qu’elle franchit le seul de la porte du bureau. Son regard croisa le sien, qui se voulait rassurant, ce qui apaisa la jeune femme inconsciemment. Ses sens aux aguets, elle se figea lorsqu’il vint plus près en prenant appui sur le bureau. Il la sondait, comme s’il voyait une jeunesse perdue qu’il cherchait tant à retrouver dans les traits de la jeune blonde. « Je dois dire que vous m’impressionnez Mademoiselle Clearwater, c’est pourquoi il m’est tout naturellement venu à l’esprit une proposition qui j’espère vous conviendra. » La tête légèrement sur le côté, ses jolies mèches blondes suivant le mouvement, elle se doutait de ces prochains mots qu’elle suivrait, décortiquera dans son esprit. Le cœur serré, au bord de l’explosion, les secondes se convertirent en minutes et les minutes en heures. « Maura, j’aimerais que vous soyez mon assistante personnelle, et ne vous méprenez pas, vous n’êtes pas une stagiaire ordinaire. » Les lèvres pincées, analysant cette phrase, la jeune blonde parvint à faire naître un sourire sur ses lèvres joliment peintes d’un léger rouge. Puis ce sont ses joues qui prirent des teintes, comme si le soleil avait coloré sa peau, la faisant rougir. « Que puis-je dire, m-m-merci. » Elle se maudit sur le coup, son talon d’Achille revenant au galop alors qu’elle avait tout fait pour effacer, limer cet aspect non harmonieux de sa vie. Elle sentit un contact sur son épaule, une peau dont la peau était tannée, contrastant avec son teint porcelaine. Ce contact parvint à créer cette chaleur humaine, non étouffante, qui changeait de sa famille. « Ne vous en faites pas, je sais pour votre bégaiement, mais ce n’est qu’une aspérité qui n’atteint pas l’étoile brillante que vous êtes. »

" Regrets collect like old friends
Here to relive your darkest moments
I can see no way, I can see no way "
tumblr - lyrics : florence+the machine

Monsieur Burtham était en convalescence, la jeune blonde avait appris la nouvelle et en était attristée mais elle ne voulait se laisser aller dans cette spirale où certains sont tombés en envoyant leur sympathie à la figure jeune et charmante du fils. Il n’avait sûrement pas envie d’entendre encore ces mots, parce que cela devait être difficile pour lui. Parce qu’inconsciemment, ils faisaient renaître une tristesse. Ramassant quelques dossiers importants, la jeune femme alla le voir dans son bureau. Toquant à la porte, la jeune femme attendit que son timbre rauque, sensuel et dur à la fois la délivre avant de rentrer. « Voici comme vous me l’avez demandé, les derniers dossiers en cours de votre père. Ceci concerne la fabrication du nouveau médicament contre cholestérol, ainsi que toute sa procédure, je vous ai surlignés les passages importants sur lesquels votre père méditait. Et ceux-là sont pour la circulation sanguine pour des patients atteints de diabètes. » Déposant délicatement et consciencieusement tous ses dossiers, la jeune femme finit par rencontrer son regard hypnotisant. Il y avait dans ses prunelles quelque chose, un éclat, une sensation dont elle n’arrivait pas à saisir. Elle se mit aussitôt à rougir, se sentant fort peu à l’aise avec ce regard déroutant. Il finit par couper ce contact en feuilletant la paperasse qui s’offrait à lui. « Je peux rester à vos côtés si vous le souhaitez, il y a peut-être certaines choses qui ne vous parleront pas. » Esquissant un sourire, elle espérait sincèrement qu’il n’interprète pas ses paroles de manière négatives, car elle avait entendu parler de lui, il était d’ailleurs l’avocat du groupe. N’ayant pas de réponse immédiate, la jeune femme se dit qu’il était peut-être temps de le laisser. Il n’avait pas levé les yeux sur elle, ses lèvres étaient pincés, tandis qu’il fronçait les sourcils. « N’avez-vous pas terminé Mademoiselle Clearwater ? » Opinant du chef la jeune femme ouvrit quand même les lèvres pour protester. « Officiellement oui, Monsieur, mais je restais souvent avec votre père pour clarifier des détails, bien évidemment il restait maitre de la décision. » Pinçant les lèvres, la jeune femme se tritura légèrement les doigts. Elle vaguait parmi les flots, ne sachant pas comment prendre cette immense mer. Devant son air fermé, elle en conclut que son aide ne lui était peut-être pas bienvenue à ce moment. Avec son père, elle savait comment faire, mais elle était un peu dérouté par ce personnage au charme envahissant. « Bien, si cela ne vous dérange pas, j’aimerais avoir quelques explications, prenez une chaise et asseyez-vous. » Les traits plus détendus, elle vit que finalement son aide lui serait utile.