"where do you go when you're lonely
where do you go when you're blue
where do you go when you're lonely,
I'll follow you when the stars go blue "

when the stars go blue ✻ tscgifs (tumblr)

D’un seul coup, j’ouvre les yeux, comme si j’étais soudainement prise d’une panique intense et lorsque je tourne la tête, je comprends pourquoi. Il est là, cet homme que je semble avoir aimé si longtemps, il est là, étendu à mes côtés avec un air paisible sur le visage et son bras m’entourant par les hanches. Cela pourrait être une vision de rêve si la réalité des choses ne me venait directement me hanter. Cet homme, ton meilleur ami, ton Raf, n’est pas célibataire et pire encore, c’est ta propre sœur qu’il fréquente. Les liens du sang ne nous lient peut-être pas et pourtant, je donnerais ma vie pour elle, pour mon frère et pour mes pères. À mes yeux, les liens du sang ne font pas une famille, ce qui fait une famille est quelque chose de bien plus profond que ça, c’est une chose si puissante que cela ne peut être expliqué. C’est pour ça qu’à cet instant, je peux sentir une honte profonde m’envahir pour avoir osé trahir ma sœur de cette façon car je n’étais peut-être pas une fervente admiratrice de son couple avec Raf, je sais pertinemment qu’elle l’aime profondément. Je le sais car après tout, comment peut-on ne pas l’aimer ? Pour le connaître par cœur depuis des années, je sais qu’il est emplie de qualité qui font de lui une personne merveilleuse et inestimable et qu’on peut se compter chanceux si on l’a à nos côtés et ses défauts on apprend facilement à vivre avec et à les aimer également d’une certaine façon. Mais il est sien et par conséquent peu importe mes propres sentiments, je n’aurais jamais dû dépasser la ligne, il était chasse gardé. J’aimerais m’enfuir loin, pour oublier ce qui est en train de se passer, pour oublier toutes ses questions qui ne cessent de tourner encore et toujours dans mon esprit, mais je ne peux pas. Car je me souviens que je suis chez moi, que ces draps que je m’évertue à remonter jusqu’à mon nez sont miens, que le plafond que je fixe depuis plusieurs minutes est également mien, par conséquent la voie de la facilité m’est inaccessible. Il va me falloir agir en adulte et affronter les choses. Je sens la culpabilité me ronger pourtant une partie de moi est tout simplement bien d’être à, à côté de celui que je connais depuis si longtemps et pour qui mon cœur bat depuis un peu trop longtemps. Par automatisme, je me mets à réfléchir dans l’espoir de répondre à une question qui vient d’émerger dans ma tête : depuis combien de temps ai-je des sentiments pour lui ? C’est une question qui me hante depuis qu’Asha, ma meilleure amie, m’a fait réaliser qu’il était plus qu’un ami pour moi, il y a plus d’un an maintenant. Pour elle, c’est clair il y a toujours eu anguille sous roche et que ce soit de mon côté ou du sien, il y a toujours eu des sentiments plus qu’amicaux. Mais je ne suis pas d’accord, je veux dire ce n’est pas possible n’est-ce pas . Sinon j’aurais forcément réalisé cela avant, je ne pourrais pas être resté dans le déni depuis si longtemps. Peut-être est-ce arrivé lorsque j’ai commencé à fréquenter mon petit ami Jimmy en dernière année de lycée ou bien lorsque lui-même a commencé à fréquenter sa petite amie Anya à l’université... ? Je ne sais pas, je ne sais plus, peut-être que je me trompe sur toute la ligne, peut-être était-ce avant, peut-être après ou peut-être qu’Asha à raison. A quoi tu penses ? Je sursaute imperceptiblement lorsque la voix de Raf me tire de mes pensées, lorsque je tourne légèrement la tête pour lui faire face je m'aperçois qu'il m'observe, avec ce même air calme et paisible qui flottait sur son visage il y a quelques minutes. Il ne semble pas inquiet par ce qui vient de se passer, du moins c'est l'impression qu'il donne car je sais qu'il est passé maître dans l'art de camoufler ses émotions, il a toujours été comme ça à intériorisé ce qu'il ressent, quelque chose que je lui ai toujours envié. A toi... Je suis prise d'une pudeur que je ne connais pas, qui ne me ressemble pas et pourtant, celle-ci me vient naturellement quand je réponds avec franchise à sa question. Il ferme les yeux quelques instants et je peux presque apercevoir un sourire sur ses lèvres, durant ces quelques secondes où il ne me voit plus, j'en profite pour l'observer en détail. Je peux admirer son torse légèrement dessiné, ses bras musclés, son visage mutin... lorsqu'il rouvre les yeux, je quitte ma contemplation pour me reconcentrer sur ses yeux. Tu m'en veux ? Je fronce les sourcils, ne comprenant pas le sens de sa question, il le remarque instantanément et poursuit. De ce qui s'est passé cette nuit... C'est également une chose que j'aime chez lui, c'est qu'il est comme moi, il va droit au but peu importe la complexité d'une situation ou la gêne que cela peu occasionné. Je me redresse pour m'asseoir, pressant le drap au-dessus de ma poitrine pour cacher mon corps nu si près du sien. Non je ne t'en veux pas... C'est à moi que j'en veux... Trish est ma soeur, je n'aurais jamais dû lui faire ça... Je baisse la tête, sincèrement bouleversé par ce qui se passe, sans pour autant m'abandonner à ces sentiments qui m'assaillent de toute part. Sa main vient se poser sous mon menton, me force à relever la tête et à le regarder. Tu n'as pas à endosser la responsabilité. Je peux le faire, j'irais parler à Trish, elle ne saura pas que tu es en cause. Touchée, je le suis sincèrement de savoir qu'il est prêt à prendre le blâme à ma place et pourtant je sais que je ne pourrais jamais le laisser faire. Comme dans la cour de l'école, nos bêtises étaient faites à deux et c'est à deux que nous nous faisions punir. Non... il vaut mieux oublier tout ça. Tu es heureux avec elle, cela ne sert à rien de gâcher votre relation par une erreur stupide. Je sais que je suis froide mais c'est le but et surtout, je ne veux pas assumer ce qui s'est passé. Je sens qu'il veut dire quelque chose, alors je lui coupe l'herbe sous le pied. Je- Je suis désolée... Tu devrais partir maintenant... Huit minutes, c'est le temps qu'il mettra avant de quitter l'appartement en silence, respectant comme à son habitude ma décision. Ce fût un silence lourd et dur qui ne me donnait qu'une envie, celle de le supplier de rester auprès de moi, encore un peu. C'est donc naturellement, qu'une fois sûre de son départ, que je laisse mes émotions me submerger et mes larmes couler, en ne cessant de me demander mais qu'est-ce que j'ai fais...